Performance de Masahiko Ueji Fitzcarraldo de Werner Herzog , 1982, Allemagne/Pérou, 2h38, VOSTFR
Une fois par mois, NOLIMETANGERE est invité par VIDEODROME 2 à programmer des séances hybrides. MAGMA c’est une rencontre entre des films au geste franc témoignant d’un cinéma imaginaire (pour « en finir » avec les images) et des performances sonores déstructurant le langage, questionnant le cinéma, ou invitant à la rêverie. MAGMA c’est un mélange de langues, sons, bruits, images « de rien », images « de tout », un mélange dense et confus, un mélange inextricable de choses à la fois abstraites et totalement physiques.
Performance
de Masahiko Ueji
Masahiko Ueji est un compositeur et pianiste, né en 1981 au Japon, basé à Marseille depuis 2014. Après une formation de piano classique dès l’enfance, il a commencé à jouer du clavier dans des groupes de rock et de jazz à Tokyo et il collaborait également avec de très nombreux musiciens l’improvisation libre, le free jazz et noise du japon particulièrement. Il collabore dans plusieurs projets de danseurs plutôt Butō aussi. Actuellement il joue dans des groupes de rock, reggae, gnawa, jazz, en particulier avec son groupe « DAREDA » qui explore de musique traditionnelle, qui lie à l’improvisation libre et à la musique bruitiste.
de Werner Herzog , 1982, Allemagne/Pérou, 2h38, VOSTFR
Il y a dans Fitzcarraldo tout le rêve de l’homme. Le rêve de l’homme particulier bien sûr, celui de Brian Sweeney Fitzgerald pour qui toutes les forces de la vie, du rêve et de la civilisation (celle qui n’est pas encore morte, celle qui rêve encore de culture) tiennent dans l’œuvre d’art totale. Le Gesamtkunstwerk wagnérien : l’opéra. Il y a aussi le rêve de l’histoire, celle de l’humanité, celle de l’homme artisan, de l’homme technicien plein des forces qu’il s’est données à lui-même, qui en est las, et qui les dilapide sous forme de liasses de papier jetées aux poissons de bassins somptueux, ou lors de parties de poker où les joueurs éprouvent l’extase de perdre toutes leurs richesses. Face à cet homme l’homme naturel, l’homme mythologique, l’homme des sociétés primitives, qui attend que le salut vienne d’un divin vaisseau blanc qui délivrera l’Ucayali et le Pachitea d’une malédiction qui passe, du reste, assez vite au second plan, et qui constitue une ficelle narrative assez vulgaire et peu cohérente. Le rêve prend, se noue, souvent échoue lamentablement pour d’autres fois brillamment réussir, il se noue à la rencontre du troisième homme, ni tout à fait technicien, ni tout à fait sauvage, il se noue là où Fitzcarraldo pose ses pieds et Werner Herzog ses yeux, il se fraye un chemin lent, aussi sinueux que l’Amazone, jusqu’au cœur du spectateur, incertain, rêveur lui aussi, jusqu’à la fin.
CONQUÊTE DE L’INUTILE
« Tel un chien fou qui s’est acharné sur la patte d’un chevreuil abattu et continue de secouer et de déchiqueter le gibier sans vie à tel point que le chasseur renonce à le calmer, une vision s’était emparée de moi : l’image d’un grand bateau à vapeur sur une montagne — le bateau sous la vapeur, utilisant sa propre force pour passer un versant pentu à travers la jungle, dans une nature qui anéantit les faibles comme les forts ; et la voix de Caruso, qui fait taire toutes les souffrances et tous les cris des animaux de la forêt vierge et arrête le chant des oiseaux. Plus exactement : le cri des oiseaux. Car dans ce paysage inachevé, que Dieu dans sa colère a abandonné, les oiseaux ne chantent pas : ils crient de douleur, s’enfoncent, partout où le regard se porte, comme des géants luttant les uns contre les autres, dans la vapeur d’une Création, qui, ici, n’est pas achevée. Crachant du brouillard et épuisés, ils se tiennent là, dans ce monde irréel, dans une misère irréelle et moi, comme dans la stanza d’un poème écrit dans une langue étrangère que je ne comprends pas, je me sens profondément effrayé. »
Duo chant & contrebasse par Léa Bechet et Guillaume Hogan Elephant de Alan Clarke, 1989, 39 min Le Sacre du Printemps de Pina Bausch (Tanztheter Wuppertal), 1975, 37 min